Avec le plus gros tube r’n’b de l’année et un album qui se classe 3emeau billboard (pour 77.OOO  ventes). On peut estimer que Kelly Rowland est au top de sa carrière avec son dernier opus « Here I Am »,   dont la sortie le 26 juin dernier a sondé 4ans d’absence dans les bacs et de  très nombreux reports dû au désamour par le public des premiers  titres proposés.

L’ex Destiny Child  qui dit avoir voulu faire de cet  opus un mélange de sons urbains et dance s’est essentiellement entourée de Rico Love, Rodney Jerkins,  et bien sûr  de David Guetta et de Red One. Association qui a donné lieu a une dizaine de titres que je vous propose de décortiquer un par un.

1.I’m Dat Chick : C’est le titre d’ouverture du projet qu’on connaissait déjà depuis quelques temps dans une version non finalisée. Une production de The Dream et de Tricky Stewart dans la veine de « Good Hit » de J.Lo  en beaucoup moins bien. La chanson sonne en fait comme un des singles que les pussycats dolls ou autres groupes putassiers  du genre ( Girlicious..ect) aurait pu sortir en 2006. C’est bourrin, répétitif et terriblement immature. Une de ses chansons qui fait de l’effet quand on entame une vingtième année  et qu’on veut se faire voir mais qui sonne très mal en porte d’entrée de l’album d’une trentaine au bagage musical etalable . La voix de Kelly est  beaucoup trop vocodée et le titre s’inscrit en fait en déphasage avec le reste du projet. Une sombre première erreur.

2. Work It Man : Si I’m Dat Chick est une erreur, Kelly se rattrape très vite avec ce second titre. Work It man que lui produit Rodney Jerkins dont  c’est une des premières productions urbaines depuis un moment est sans conteste le tube de l’album. La chanson nous ramène au travail du producteur au milieu des années 2000’s, un parfait mix entre des titres comme «  I Need a Boss » de Shareefa  et de «  The One You Need » de Megan Rochell. C’est  certes assez facile sous certains aspects  notamment la répétivité du refrain mais il n’en reste pas moins que c’est un titre parfaitement ficelé et très accrocheur. Elle devrait longtemps regretter le fait de ne pas lui avoir attribué un featuring plus couteux. Il aurait parfaitement mérité Big Sean et une place de second single.

3. Motivation : On ne présente plus réellement cette production de Rico Love. Un grower absolument parfait. La production est suave et fraiche et s’accorde parfaitement avec le doux timbre de Rowland qui fait sa chanson, le passage de Lil Wayne étant parfaitement dispensable hormis en terme d’impact radios. Ce sera sans aucun doute l’un des plus gros succès de Rico Love et surement le plus gros succès r’n’b de Kelly qui devrait avoir du mal à passer une nouvelle fois 8 semaines au sommet des charts r’n’b us.

4. Lay It On Me : C’est la seconde grosse erreur de l’album. Une chanson qui rappelle tellement de chansons récentes qu’elle en devient infecte. Le refrain est plat, répétitif et du coup très vite déplaisant. Une production qui est loin de faire honneur à Hit Boy vu que la seule chose qu’on se voit en droit de sauver, c’est le rap de Big Sean.

5.Feeling Me Right Now : C’est la seconde production de Rico Love et gros guilty pleasure du projet. Une production urbaine plutôt pêchue qui aurait facilement pu tomber dans le bancal si elle n’avait eu ce refrain superbement catchy qui prouve au passage une alchimie toujours intacte entre la chanteuse et  le producteur. C’est une des meilleures possibilités de single du projet j’ose franchement espérer qu’elle la sortira dans le futur. Je ne doute même pas que les radios pop se jetteront dessus tellement il est bien conçu et addictif.

6.Turn It Up : On retrouve une seconde fois Rodney Jerkins mais ce n’est pas aussi brillant que la première fois. Turn It Up se veut fédérateur et fort comme son titre mais le titre pèche par une production assez brouillonne et un refrain plus agaçant à la longue qu’addictif. Il s’ecoute plutôt pas mal mais à petites doses. Une co production aurait réellement pu aider à faire en sorte qu’il soit plus léger et aussi tubesque qu’il s l’auraient voulu.

7. All Of The Night : Rico Love fait cette fois ci appel aux The Runners pour une très joli Baby Makings Songz. All Of The Night a un son très charmeur, à la fois doux et électrisante. La voix de Kelly s’accorde parfaitement à cette ambiance avec un plus pour le très sexy second refrain. Le petit rap de Rico Love ne jure en rien, au contraire il s’insère parfaitement dans le son smooth de  la chanson qui est sans aucun doute une de splus aboutis du projet. Elle n’a certes pas un potentiel single mais c’est clairement une très bonne album track.

8.Keep it Between us : Jolie ballade pop de l’album, elle me fait le même effet que « Love » sur Ms Kelly sans bien évidemment avoir la puissance de celui-ci. C’est cependant un titre agréable et bien construit doté d’un petit côté aérien très charmant.

9. Commander : Encore une autre chanson qu’on ne présente vraiment plus. Produite par Guetta l’an dernier et rejeté par l’essentiel du grand public. Commander est une chanson dance assez caduque et victime de son propre style musical. Les refrains  peuvent en effet être franchement appréciables quand les couplets ouvrent une cacophonie aussi nuisible que plate, nous laissant donc sur notre faim quant à l’ensemble de la chanson.  Je comprends le fait qu’elle l’ait inséré sur l’opus mais je suis loin de l’a trouvé indispensable.

10. Down For Whatever : C’est la dernière chanson de l’album et c’est aussi la chose la plus cruelle du projet. Red One a donné à Kelly l’une des pires productions qu’il n’ait jamais faites. Ce titre est sans aucun doute  pire que tout ce que Kat de Luna et Jennifer Lopez réunies ont déjà chanté. Le genre de choses qui aurait pu révolutionner la musique dance au début du siècle mais qui sonne tellement daté et mal fagoté en 2011 qu’on se demande comment l’equipe de  la chanteuse a pu se permettre d’acheter une telle chanson.

Au final donc, vous l’aurez plus ou moins compris. Here I Am est un album moyen. On y trouve de très bonnes choses ( Work It Man, Feeling Me Right Now, Motivation, All Of The Night) mais aussi quelques ou titres purement mièvres . L’assemblage de musique urbaine et de musique dance n’est que très moyennement réussi. C’est sans aucun doute le plus mauvais album de Rowland  et il est certain que chez les fans de Ms Kelly ou de Simply Deep la déception sera flagrante surtout que l’attente fut longue. On aurait en effet pu mieux apprécier ce projet si on avait que 2 années d’attente ou une année et demi mais pour 4 longues années, c’est franchement succin. L ‘alchimie naissante entre elle et Rico Love pose des bases sympathiques mais pas encore totalement abouties.

Cela étant dit, dans l’édition deluxe du projet. On retrouve d’autres choses sympathiques comme le  groovy remix de Motivation avec Nelly qui donne une réelle ampleur à la chanson, lui faisant perdre l’aspect de déséquilibre de la version originale.

Heaven and Earth : C’est la ballade pop écrite encore par Rico Love et l’intensité de leurs précédents titres en prend un coup. Ce n’est pas désagréable mais c’est une ballade pop un peu trop simplette pour être vraiment transcendante.

Make Believe : C’est l’autre chanson de Rico Love en bonus, plus sympathique et mieux rédigée à mon gout qu’Heaven and Earth. J’aime beaucoup les chœurs et le message global du titre qui est  simple et apaisant.

Each Other : C’est un autre titre pop/dance, le seul de l’édition deluxe. Il  n’est pas aussi irritant sur la longue que les deux de l’édition deluxe mais ne dispose d’aucun potentiel commercial viable. Il s’écoute juste simplement avec une outro  plutôt originale et une rythmique qui varie plutôt agréablement le long de la chanson.

Des titres qui ne changent donc pas vraiment la qualité globale du projet. J’aurais vraiment apprécié qu’elle exploite «  On and On » que lui avait produit Brian Kennedy en titres dance. Le titre est son meilleur dans le genre, à la fois frais, entêtant et accrocheur se démarquant des rythmes bourrins que les producteurs lui proposent généralement. Par contre, la non présence des ballades pop «  Grown Ass Woman » et « Rose Colored Glasses » sur la version originale ne me gêne pas, elle aurait totalement fait tache avec le son électrique doux des autres sons qui parcourt l’album qui a néanmoins pour lui de s’écouter plutôt assez facilement dans sa plus grande partie.

On verra ce que donnera la version européenne dans quelques mois, mais Here I Am même si on se réjouit du succès qu’il peut lui apporter dans un premier temps reste un projet assez décevant. Rowland est capable de bien mieux.

12/20.