Même à l’école primaire, la maîtresse nous disait “Restez-en à l’essentiel, écrivez juste sur ce que vous savez“. Nicki Minaj  ne devait déjà pas être une bonne élève à l’époque vu que pour son 3ème album “The Pink Print“, alors même qu’on sait qu’elle a beaucoup de soucis à retrouver sa crédibilité dans le monde du hip hop, la protégée de Lil Wayne nous a gratifiés de 22 chansons… 22 titres. Hormis le fait que ce soit très honnêtement pompeux et prétentieux dans sa situation, ce n’est surtout pas malin. Si la plupart des amateurs de rap ont du mal à te tolérer sur un titre, ce n’est pas en leur proposant 22 choses qu’ils seront plus à même de t’apprécier. Tous les artistes font des sessions d’enregistrement avec des millions de chansons, Beyonce avait enregistré 60 titres pour “4“, Alicia Keys plus de 100 titres pour “The Elements Of Freedom”, mais elles sont allées à l’école primaire (ou du moins leurs équipes), et elles ont donc réduit la chose de telle sorte qu’on ait l’essentiel. Ce n’est quand même pas croyable qu’on ait l’impression de remonter l’Everest avant même d’en arriver à la dernière chanson d’un projet. Cela donne un apriori négatif de base, et Dieu sait qu’elle n’en a pas besoin.

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Là on va nous expliquer qu’elle fait ça pour que tout le monde y trouve son compte. Elle veut toucher un maximum de personnes donc elle met le plus de titres possibles, plus de featurings possibles, avec le plus de sonorités différentes possibles. Ce qui veut dire que ce n’est donc un album , c’est un CV (bien trop long), ou alors une session chez le thérapeute. Parce qu’à un moment il faut être très clair, tu ne peux pas chanter “Starships” le matin et “Beez In the Trap” le soir; tu ne peux pas vouloir porter des somnifères auditifs comme “Pills and Potions” à midi et te vanter de vouloir faire danser sur “Big Daddy” à minuit. À un stade, quand tu conçois un album, quand tu es une artiste, il faut savoir qui tu es, la musique, ce n’est pas Secret Story. Le manque de cohérence a beau être actuellement glorifié dans les charts, quand tu en arrives à ton 3ème opus avec une exposition mainstream spectaculaire, tu te dois de prendre des risques, de te dévoiler, et pas de nous ressortir une version rallongée de ce que tu nous avais déjà proposé avec le premier essai.

Oui, parce qu’on en est bien là. The Pink Print, où on retrouve Nicki Minaj aux cotés de Beyonce, Ariana Grande, Meek Mill, ou encore Jeremih, ne nous projette aucune évolution d’Ornika depuis son premier album. C’est très gloabelemnt de la Pop urbaine surchantée, qui ne la diffère très globalement pas d’une Iggy Azalea. En effet, si cette dernière manque clairement de street credibility, sa musique et celle de Nicki sont finalement très interchangeables. Quand on écoute des titres comme “Get On Your Knees” (qu’écrit Katy Perry),  “The crying Game” ou même “Bed Of Lies” (pour ne citer que ceux là) ,on est exactement dans la gamme de ce qu’aurait pu produire sa rivale. C’est donc finalement important de savoir ce qu’on juge, un opus de pop urbaine féminin et non un album de hip hop. Ajouté à ça, il faut savoir que la pop, bien qu’étant un style musical très bateau, ne va pas forcément à tout le monde. Jessie Ware lui offre la demo de “The crying Game“, sur laquelle elle rechante, et ça donne le meilleur titre du genre dans l’album mais ce n’est pas toujours une réussite. Le chant auto-tuné, déshumanisé, de Minaj est finalement le principal talon d’Achille de sa démarche.  Elle nous ensevelit de ballades du genre, qui auraient trouvé grâce dans un opus de Céline Dion ou de Lea Michele, mais alors “Grand Piano”, ou encore “Mona Lisa“, sont totalement embarrassantes aussi bien pour les auditeurs que pour les song-writers qui ont osé lui offrir de tels titres. Pareil, “The Night Is still Young“, produite par Dr. Luke, c’est du Katy Perry période “Teenage Dream” et c’est finalement le titre qui prouve -à ceux qui en doutaient vraiment- qu’elle n’a jamais eu l’intention, mais surtout n’a pas réellement les capacités de porter un vrai album hip hop seule.

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Le principal intérêt du flow de Minaj sont les mimiques vocales: ces nombreux gimmicks qui font en sorte qu’elle excelle dans les featurings. Elle brille particulièrement sur un bout de chanson mais tourne rapidement en rond dès qu’elle est seule et c’est pour ça qu’elle s’est arrangée à toujours avoir cette tendance poppy ou alors à être accompagnée les 3/4 du temps quand on en arrive aux chansons hip hop. La seule qui déroge à la règle, et qui est réellement de qualité, c’est “Shanghai” où on la trouve en train de kicker comme au bon vieux temps des mixtapes. Les duos avec Meek Mill “Buy a Heart” et surtout “Big Daddy” sont aussi dans leur genre plutôt efficaces, mais ça reste trop peu pour contrebalancer avec le très nombreux lot de chansons fades et insipides que comporte cet effort. Le titre avec Jeremih, “Favorite”, est sympathique mais ne talonne pas l’excellent “Sex In the Lounge” qu’elle avait proposé aux cotés de Bobby Valentino sur le précédent album. La formule ne fonctionne clairement plus aussi bien.

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Enfin, Minaj a beau avoir un certain talent, elle n’a pas d’empreinte réelle, n’a pas l’envie de sortir des sentiers battus et encore moins la force de caractère de porter un projet qui la mette au-dessus de toutes les autres POP stars actuelles.

Triste réalité!

10/20.