Kanye West – le déclin ?

Pourquoi ça ne marche plus ?

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« Now that don’t kill me, can only make me stronger ». Ca c’était ce que martelait Kanye West au sommet de son art en 2007. Depuis, l’auto proclamée Louis Vuitton Don semble curieusement être sur la pente descendante que ce soit sur le plan médiatique et plus grave pour nous autre, sur le plan musical. Ce qui nous intéresse principalement si vous lisez ces lignes.

Kanye West pour les profanes c’est le rappeur producteur du showbiz, connu et moqué pour ses sorties de plus en plus décalés à l’encontre de ses confrères. Pour d’autre c’est l’homme connu pour fréquenter la plantureuse Kim Kardashian, au point de lui passer la bague au doigt et mettre au monde un enfant en lui donnant un point cardinal pour patronyme. Autant dire qu’elle ne risque pas de se perdre contrairement au public

En effet, si l’image médiatique de l’enfant de Chicago est aujourd’hui incontournable. Il reste pour une grande majorité du public ; un réformateur majeur du Rap par sa créativité et sa contribution à l’épanouissement de la Pop Music. Cependant.

Au moment d’écrire cette brève chronique, notre autoproclamé génie du Rap multiplie encore les frasques. Il n’est pas exagérer d’affirmer que ces dites frasques ternissent à terme l’image de l’artiste. Récemment accusé d’antisémitisme pour avoir prétendu que les juifs possèdent un pouvoir trop grand dans les affaires. Menaçant physiquement le président Obama après une énième critique de ce dernier à son endroit ; tout en déclarant la guerre à Louis Vuitton… Devant tant de gesticulation et de provocation. Sous quel angle pouvons-nous observer Kanye West ? Si nous autre étions coutumiers de ses déclarations et interventions pittoresque pendant les cérémonies. Comment expliquer une agitation médiatique aussi vive depuis un an ?

Kanye a tout pour être heureux en tant qu’homme du monde occidental. Riche, influent, bombasse au lit et compensant son manque de sex appeal physique par une culture de l’apparat à faire saliver nos amis du swag zaïrois. Monsieur West s’est rapidement imposé comme la principale fashion victime du Hip-Hop. Ce même Hip Hop aujourd’hui en pleine mutation avec l’arrivée de jeunes loups aux dents longues et le renouvellement perpétuel des modes dans le milieu. Craignant d’être dorénavant un has been parmi ses pairs. Nous pouvons trouver une première réponse à l’exubérance du Gay fish, dans sa volonté de s’imposé dès à présent au-delà du Rap. C’est dans cet ordre d’idée que nous le voyons déclarer en interview pour la BBC, que les nouvelles « rock star » sont dorénavant les rappeurs, et bien entendu qu’il est la plus grande Rock Star actuelle parmi elles.

Mais d’où vient ce nouveau besoin d’émancipation ?

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Si Kanye est reconnu à juste titre pour son talent de beatmaker. Il en est tout autre concernant son talent au micro. Or, depuis quelques années déjà. Les suiveurs de l’actualité Rap constatent un retour des rimeurs et des lyrics, là ou la scène Dirty et le flow nonchalant de rigueur dominaient les tendances au point de se standardiser. Si on fait un peu d’histoire, on se rend compte que l’explosion de la scène Dirty South se fait concrètement en 2004 et que cette date coïncide avec la sortie du premier album de Kanye West, College Dropout, qui fut à l’époque reconnu pour sa fraicheur et son authenticité sonore et textuel. Dans ce contexte, et avec un minimum de recul il est assez aisé de prendre acte des conditions favorables dont à pu jouir Kanye pour paraitre -à juste titre- pour un génie.

Du coup, le Kanye West de 2004 : humble et affable. Nous semble assez loin de nous (très perché même). En fait, on se rend compte que notre ami prend un sacré melon dès son second album en se comparant à Jésus ; ou se prétendant meilleur rappeur de tout les temps. Si l’égotrip est monnaie courante dans le Rap. Celui pratiqué par Kanye a une toute autre saveur dans la mesure où il semble croire en ses conneries. A la manière d’une Lady Gaga, Mr West est totalement prisonnier de son personnage mégalo. Si le Rap accepte volontiers l’egotrip, c’est une toute autre affaire avec la mégalomanie, le Rap Game fonctionne de façon à ce que le premier qui prétendra à plus se retrouver « clasher ». Si on met la plume moyenne de West associé à son envie de transcender le Rap, sa seule alternative valide est « d’abandonner » le Hip Hop pour flirter vers un marché friand de mégalomanie : La Pop music.

Néanmoins, si le monde de la Pop (le grand public) acceptait le fait que sa mégalomanie fasse partie de son lot artistique. On peut noter que la formule commence à lasser le public. La stratégie de Kanye et celle des grandes pontes de la communication réside dans le classique : « En bien ou en mal, parlez de moi ». Comprenez ici que les délires de Kanye sont avant à but commercial. Or, comment ne pas mettre en évidence l’échec relativement cuisant de son dernier album Yeezus dans les charts. Salué par la critique pour son avant-gardisme, mais boudé par le grand public malgré la présence des Daft Punk à la prod. Est-il prématuré de parler de déclin pour Kanye West ? Assurément. Quitte à nuancer, il faudrait plutôt parler de fin de cycle. Sentant la tendance du moment, West a tenté de surfer sur cette vague electro en déléguant plus que d’habitude sur son album. Pour cause, une partie du public a simplement l’impression morne que l’ex Louis Vuitton Don est plus préoccupé par son héritage médiatique que par l’artistique. Mozart a du se mettre au Piano puis mourir pour qu’on lui reconnaisse son génie. Kanye lui ne veut pas mourir, souhaite être acclamé de son vivant et ne plus jouer du Piano aussi souvent.

Quand on lui demande ce qu’il pense de la baisse radicale des ventes de son album, il répond qu’il sera le prochain pape de la mode. Chacun ses priorités. A l’heure ou l’industrie s’enthousiasme de plus en plus pour les DJ ou les productions de jeune pousse comme Asap Rocky. Il y a comme une odeur de renouveau et une lassitude chez Kanye; au point ou son prochain album ne sera composé que de huit titres seulement. L’ultime question c’est plutôt si on se souviendra de Kanye dans vingt ans comme d’un musicien génial ou d’un mégalo commercial ? Peut être un peu des deux.

Article écrit par Terrence du blog Crazysongsz pour MusicfeelingsMag.