Passée de la brune grincheuse et mal-aimée des couloirs  du château à  la fierté de la Bretagne en 10ans : c’est le pari réussi de Nolwenn Leroy.  Forte de 3 millions de disques vendus dont plus d’1 millions de son  dernier projet, celle qui a relancé l’industrie du disque française en 2010 a décidé de s’attaquer aux milles et un mystères de la mer dans un opus intitulé” O Filles de l’eau” qui sera disponible  le 26 Novembre prochain. Retour sur un parcours résolument peu atypique.

“Même si la vie nous entraîne  Oh Wo, j’étais comme je suis Nolwenn Ohwo”  célèbre refrain de la chanteuse, extrait du premier single de son album ” Histoires Naturelles”, il résume assez bien son parcours  musical. En 4 albums, la fille Leroy a réussi à installer un univers empreint de féerie et de légère mélancolie, sans jamais tomber dans la répétition. Si  en 2002, on découvrait, son timbre grave et profond à l’ouverture du premier album éponyme sur des titres purement variétés tels que ” Cassé“, la collaboration avec Voulzy a donné lieu à un projet autrement intéressant. Histoire Naturelles lui en effet permis d’établir une sensibilité audacieuse et différente. L’album gratifié d’un visuel à la fois soyeux et enchanteur laissait s’égrainer nombres de mélodies riches sur des textes savoureux à l’instar de “ Le rêves des filles”,  ” Reste encore” ou encore ” London Fantasy”, hommage des plus subtils aux très bonnes années des Beatles. Le succès mérité allait lui confirmer un statut autre que celui de simple feu de paille.

C’est aussi à ce moment-là qu’elle a décidé de parler avec des chats, ce qui dérouta quelque peu son public. En effet, si en 2009, la relation projetée  entre  Nolwenn et le chat d’Alice aux pays des merveilles ” The Cheschire Cat” a du mal à s’envoler dans les charts, elle fascine les critiques. A l’aide de Teitur,  chanteur irlandais, Leroy décomplexe sa voix, casse son”  cassé” et décide de minauder la  complexité des sentiments sur des sons doux, assidus  et souvent accompagné de violons. L’opus ressemble plus à une bande originale pour conte de fées tristes qu’à un album de variété classique et  c’est peut-être là que le bât blesse : le public lui aime les jolies fins.

Elle décidera à défaut de leur offrir  ses débuts. Sur la pochette de Bretonne en 2009, on retrouve une photo de  la  chanteuse petite fille en habit traditionnel breton. Signe d’un retour en arrière, d’un clin d’oeil aux bases mais aussi à quelque chose donc de plus classique, moins risqué. Bretonne livre une Nolwenn à la voix grave  sur des  airs connus, souvent  même trop connus, passablement lassants mais il n’en fallait pas moins pour convaincre 1 millions de français et quelques allemands. Le public l’acclame, lui donne le statut de valeur sûre et la permission de vaguer une nouvelle fois vers d’autres horizons.

Elle ne s’en prive pas. 2 ans jour pour jour après «  Bretonne » , on découvrira donc «  O Filles de la mer », un cinquième  projet  où elle semble avoir retrouvé son brin de folie. Une pochette un peu gênante,  une sirène, mi femme, mi- thon, un décor un peu faux, peut être kitch, peut être artistiquement raté. Pourtant dans le même temps, on  a dans son regard une impression de naïveté qui  fait qu’elle ne laisse personne indiffèrent, reléguant donc ce nouveau projet au panthéon des plus attendus de la fin de l’année.