Tout d’abord, avant de commencer cette chronique, il serait utile de préciser que sur ce site : on a absolument aucun préjugé ou apriori négatif sur Justin Bieber, absolument aucun. Au fil des articles depuis plus de 3ans que le phénomène est lancé, les capacités et le talent musical réel de ce garçon ont toujours été mis en exergue. Il a beau être désormais le produit de son label, Bieber n’a de manière intrinsèque rien à envier à des Rihanna, Katy Perry ou autres Kesha. Bien qu’il soit souvent assez violemment attaqué ou méprisé par les partisans de ses dernières : il est tout à fait capable de mieux chanter, de mieux écrire, et même de composer vu qu’il joue du piano, du violon et de la guitare. Pour un garçon de 18 ans donc dans les faits, ce n’est pas trop mal, même si il est clair que dès ses débuts, le label lui a façonné une image afin de plaire aux gamines et qu’il n’a pas encore réussi à s’en défaire.

Ce n’est cependant pas un crime, les N’sync aussi était un groupe pour gamines quand ils ont commencé. Britney Spears et Aguilera ne faisaient pas non plus de la musique pour adultes avec des titres comme «  Baby One More Time » ou « Genie In a  Bottle ». C’était bien des personnes façonnées par des labels pour plaire à un public juvénile bien précis. C’est d’ailleurs cocasse de voir que ce sont souvent les fans de ces mêmes artistes qui sont les plus violents avec Justin alors qu’ils ont été victimes du même phénomène (certes avec un autre visage, mais quand même), il  y a 10/12ans.

Enfin, ceci pour clairement exprimer que malgré tout ce qui peut être dit et le mépris qu’on peut lui afficher partout, Justin Bieber a clairement sa place.

Et d’ailleurs ici sur Musicfeelings on avait de grandes attentes  quant à l’album du  petit canadien  arrivé à sa majorité et  qui semblait s’être très très bien entouré pour ce qu’on nous prédisait comme l’opus de maturité. Danja, Rodney Jerkins, Drake,  Lil Wayne, Hit-Boy, Babyface , toute la crème de la production pop urbaine s’est succédée  en studio ( photos twitter  à l’appui) pour faire monter la mayonnaise,  nous faire comprendre qu’on allait avoir un projet absolument digne des capacités réelles du jeune homme.

Boyfriend le premier single semblait être un avant-gout.  Pas de révolution mais un retour en arrière, de la pop urbaine datée qui aurait très bien pu être chanté par Timberlake et son groupe il y a 10ans. La chanson était intéressante en ouverture de projet car elle s’éloignait totalement des singles pop/dance actuels laissant donc présager que le jeune homme s’apprêtait  à créer son propre sillon.

Malheureusement, l’écoute de Believe va donner lieu à un tout autre spectacle. En effet, Justin a fait appel aux meilleurs mais il n’a clairement pas encore la diligence et le recul pour leur demander exactement ce qu’il veut. On ne sent pas chez lui l’envie d’aller dans une direction claire. Un son uniforme ou une quelconque cohésion. On peut critiquer «  Justified » qui n’a pas très bien vieilli à cause de la faiblesse des productions des Neptunes mais on est obligé de reconnaitre que Timberlake avait fait le choix d’un son, d’une certaine uniformité, même si c’était extrêmement inspiré de Michael Jackson. Là c’est très brouillon, on le sent plus dominé par les gens  avec qui  travaillent, qu’ils ne le sont par lui.

En réalité, il se cherche encore artistiquement et  se nourrit sans grande créativité de tout ce qu’on peut retrouver sur la scène actuelle.  Il y a du bon  quand Babyface lui offre le superbe «  Catchy Feelings »,  quand il se prend pour Drake accompagné tout en étant accompagné de ce dernier sur «  Right Here » ou encore  du charme sur des chansons  assez bon enfants comme «  Fall «, » Take You »  ou encore «  Though Of you ».  Il montre qu’il est encore le plus à l’aise dans la catégorie charmeur pour jeunes filles mais dans tout le reste : on reste sur notre faim.

Ses clins d’oeils à MJ (Maria, Die In Your Arms) sont mous. Ses ambitions dans la pop/dance/dub step (One Love,  She don’t like the lights) sont médiocres et ce notamment à cause de sa manière de chanter. L’intérêt dans ce genre de titres  pour quelqu’un de sa position : c’est surtout la performance vocale. Là, il n’y a pas. On est encore dans quelque chose très plat, très scolaire et donc très peu marquant. Il est certain que des horreurs comme «  Beauty and Beast » avec Nicki Minaj  ou «  As Long As You Love Me » avec Big Sean  seront des cartons mais elles  seront tout aussi vite oubliées parce que tout ça manque de vie.

Avec Believe, au lieu de s’imposer en tant qu’artiste, Bieber a choisi de gagner du temps. L’opus a absolument tous les ingrédients nécessaires pour lui permettre de garder sa popularité actuelle encore quelques années. Il pourra même aller chanter «  Be Alright «  ou «  Believe » pour faire pleurer dans les show country en mettant en exergue son histoire personnelle. Pour la maturité, la réelle rébellion artistique qu’il promettait.. ce sera peut être au prochain épisode?

Triste Réalité.

10/20.