Adele a toujours tout pour elle. À 27 ans, elle dégage une maturité hors du commun, un timbre de voix et une interprétation bien particuliers, un sens inné de la bonne mélodie mais surtout un phrasé, une écriture juste. Beaucoup de gens écrivent bien, beaucoup de songwriters font un excellent travail dans l’industrie du disque mais l’une des grandes forces de la chanteuse anglaise est que contrairement à des Beyonce, Rihanna ou encore Celine Dion et Whitney Houston, elle est la principale parolière de tous ses tubes. C’est une des seules chanteuses, avec Mariah Carey et Janet Jackson, qui est arrivée à ce stade de popularité en étant autant impliquée dans le processus d’écriture de ses albums et c’est assez remarquable. Sur “25”, elle fait appel à de nombreux producteurs mais reste la plume principale de tout le projet qui reste cependant, malheureusement, assez peu surprenant. Dans la chronique de l’album “21”, on avait terminé en disant : “Someone Like You clôt le projet avec une somptueuse élégance, suffisante pour donner envie de croire en l’avenir de cette fille qui, si elle décidait de totalement s’éloigner des sentiers battus, pourrait réaliser des merveilles“. “25” est frustrant parce qu’il nous laisse toujours dans cette idée. Le talent là, elle a cette capacité de mélanger des ondes pop à de la soul, ce qui peut donner de très belles réussites comme “When We were Young”, qui n’aurait pas dépareillé dans “19“, ou encore  dans une moindre mesure “Hello” qui reste d’une efficacité remarquable, voire totalement déconcertante.

Malheureusement, le reste de l’album suit très souvent, voire même trop souvent, cette voie sans avoir la même grâce. Elle cède à une facilité disciplinée qui gâche finalement son potentiel. “Send My Love (To Your New Lover)” est typiquement le genre de titres pop basés sur des gimmicks rapidement agaçants qu’on retrouve dans les opus de Katy Perry, Britney Spears ou encore Ariana Grande. Le titre est produit par le même homme, Max Martin, qui a clairement du mal à sortir de son petit carcan. Adele n’est pas faite pour lui, mais elle ne semble pas non plus être exploitée sur l’idée que les producteurs et songwriters se font d’elle. Ils nous livrent un arsenal de ballades souvent larmoyantes et un peu banales. On n’a pas d’étincelles quand on écoute “Remedy” ou encore “Water under the bridge” qui n’auraient pas eu de mal à trouver leurs places sur le dernier opus de Leona Lewis. “I Miss You” inspire une fraicheur réelle, une composition décadente et une interprétation puissante, mais il manque des titres de cet acabit sur le reste du projet. “All I Ask”, composé aux côtés de Bruno Mars, est sombre comme un matin d’hiver enneigé, mais manque de magie, tout comme “Love in the Dark”, qui aurait pu être magistrale si elle avait ce je-ne-sais-quoi qu’on trouvait sur “Turning tables” et sur “Love Song”.

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Dans une dynamique de succès aussi bouleversante et énorme que la sienne et au vu de la médiocrité de la scène pop actuelle, c’est tout à fait logique que l’opus suscite un tel engouement, surtout qu’une fois encore les 2 singles sont assez brillants dans leur genre. Cependant, dans l’ensemble, “25” manque de grandiloquence. C’est un opus sympathique, mais un poil trop calculé et facile au niveau des codes et recettes utilisés. Elle est capable de mieux et se doit d’offrir mieux, surtout au vu de la confiance énorme que lui accorde le public. Avec un peu de chance, elle se laissera aller et portera une émotion plus réelle dans “28″?

 

13.5/20.