Il est sorti dans l’indifférence populaire la plus totale. Le 6e album de Nelly Furtado est dans les bacs depuis le 31 mars et on n’en parle pas beaucoup dans les médias. C’est une sortie plus que discrète pour une artiste qui était encore l’une des pop stars majeures de la scène musicale.
3 choses expliquent principalement cet état de fait :

  • Elle n’a jamais pu/su soutenir sur le succès de “Loose”. On en avait déjà parlé dans la chronique de son opus “ The Spirit Indestructible”. Les gens ont aimé le son Timbo et Danja avec l’équipe Justin à cette époque, mais pas forcement Nelly Furtado. Elle n’a jamais pu asseoir une vraie popularité sur la scène pop.
  • C’est pour ça qu’elle avait réussi à faire le record de passer d’un album vendu à 2.8 millions d’exemplaires en 2006… pour débuter à 6.000 ventes en 2012 avec un album en anglais.  C’était la preuve qu’il y avait eu une adhésion à un moment sur un projet précis, mais qu’il n’y avait pas du tout eu de consolidation de fanbase. Cet opus fut un échec d’autant plus violent qu’elle avait eu une promotion conséquente avec des apparitions aux BillBoard Music Awards et des envois de single dans les radios pop du pays.

Le public n’a juste pas suivi.

  • Conséquence : Nelly ne rapportant plus n’a plus de grosses majors derrière elle. Cet album est signé sur son propre label Nelstar, donc pas beaucoup de moyens.
  • La 3e raison vient aussi du style de l’album, qui est un projet indie pop, qui n’a rien à avoir avec tous ses anciens albums.


L'”inconstance” musicale est une constance chez elle. Hormis entre “Loose” et “The Spirit“, ses albums différent très souvent radicalement les uns des autres et celui-ci ne déroge pas à cette règle.
Si les fans de pop urbaine seront surement déboussolés. Cela ne veut pas dire que ce projet n’est pas intéressant pour autant. Au contraire, la première bonne nouvelle quand on entre dans “The Ride” est qu’elle a retrouvé sa VOIX.
Fini l’espèce de bruit nasillard et auto-tuné qui hantait maladroitement les productions de Rodney Jerkins sur “The Spirit“. Dans la recherche d’espoir qu’elle symbolise avec ce disque, elle se dépouille et s’épanouit à sa propre manière.
On sent que ce lourd passage à vide à été dur et qu’elle s’est écartée des paillettes pour mieux renaitre. “Phoenix”, le tout premier titre écrit pour le disque, met à cet effet en exergue toute sa portée autobiographique. Elle se répète à elle-même en boucle “ Tu vas aller mieux, tu vas aller mieux, comme un phoenix“.
Une reconnaissance accompagnée de John Congleton, qui produit quasiment chacun des titres. C’est doux et mélancolique, corsé et fragile. Un opus honnête qui pêche souvent sur des up-tempos un peu brouillons ( Magic) , mais qui renferme de très belles ballades et mid tempos.

A cet effet, “Pipes Dreams” est une vraie petite perle, qui aurait très bien pu trouver sa place sur un album de Jessie Ware. “Tap Dancing” a ce bout de féerie et d’innocence qui avait déjà fait mouche sur le fameux “ShowTime“. Puis enfin, encore, “Phoenix” vous prend aux tripes, avec cette interprétation toute en joliesse.

 


Elle n’en vendra pas beaucoup, mais c’est définitivement l’un des projets les plus sincères de sa carrière, de loin meilleur que son prédécesseur. Elle a toujours cette démarche de faire des albums, des projets qui ont un sens de la première à la dernière chanson, et c’est tout à son honneur, surtout à cette époque où beaucoup de ses consœurs se contentent de proposer des compilations de singles.

14/20.