Eminem et Lauryn Hill sont sans aucun doute 2 des principales légendes du hip hop des 20 dernières années. Ils ont chacun marqué la scène musicale urbaine à leur manière. Pour Lauryn, ça a d’abord été avec les Fugees, avant le classique ” The Miseducation“, tandis qu’Eminem a pour lui à ce jour, d’être le plus gros vendeur de l’histoire du hip hop, avec des classiques comme “Marshall Matters Lp”  ou encore “ The Eminem Show”. Toutefois, si vous auriez aimé les voir collaborer sur une chanson, ce n’est pas certain que ca arrive de si tôt. En effet, les 2 artistes ont une certaine inimitié qui remonte à des propos prêtés à Lauryn Hill.

“Je préfère mourir au lieu de voir des blancs acheter un de mes albums”.

“Je prèfère mourir au lieu de voir des blancs acheter un de mes albums“.. C’est une phrase choc, mais c’est cette phrase qui va allumer la mêche. Lauryn Hill s’est très tôt dans sa carrière lancée dans la lutte pour les noirs aux USA.  Alors que ” The Score” se vendait à près de 20 millions d’exemplaires, dans le monde, elle critiquait déjà avec une certaine fermeté le racisme et la situation des afro-américains. C’était assez inédit de voir une chanteuse, si jeune, et avec si fort succès s’engager de cette manière, mais L-Boogie n’avait pas froid aux yeux, ce qui ne lui a pas que valu des amis.

Un jour, pourtant, l’engagement de Lauryn va se cristalliser par une phrase choc, qui a marqué les mémoires. Un journaliste de MTV aurait relaté après une interview avec elle qu’elle a déclaré :

Je préférerai mourir que de voir une seule personne blanche acheter mes albums“.

Jusqu’à ce jour, dans la culture urbaine populaire, ce propos est attribué à Lauryn Hill et il a violemment été critiqué dans de nombreux médias américains, qui la trataient de ” raciste”, d’extremiste” ou même  de “semi-démente”. Mais, il n’y a pas que les médias qui ont mal vécu ce propos. En effet, Eminem qui commençait sa carrière en 1999, a directement pris Lauryn Hill en grippe.

Les attaques du M&M’s.

Pour bien se replonger dans le contexte, Lauryn Hill est l’artiste numéro 1 sur la scène à l’époque, avec un énorme succès, le grammy de l’année et une série de hits. Eminem, au contraire, commence sa carrière, c’est le petit nouveau et il donne d’abord une petite interview en 1999, où il la tâcle gentiment, quand on lui demande s’il aimerait travailler avec elle.

“Le premier mot que vous avez dit (Lauryn Hill) est un mot sale pour moi. En effet, j’ai entendu pas mal de choses sur elle et sur la manière dont elle traite les blancs. J’ai entendu plein de choses sur le fait qu’elle soit une raciste et je ne peux pas le prouver, mais j’ai entendu beaucoup de choses, et ça fait beaucoup de controverses, donc, si c’est comme ça, je n’ai pas très envie de le faire…”

C’était dans cette interview qui date de 1999.

https://youtu.be/51QFhIaq93E

Quelques mois après, l’image de Lauryn se dégrade encore plus, avec sa déchirure publique avec ses anciens amis de The Fugees. C’est aussi à cette époque, qu’elle devient l’une des cibles favorites d’Eminem, qui l’attaque sur plusieurs chansons, notamment dans l’opus “The Slim Shady LP“.

Tout d’abord dans, la chanson “ROLE MODEL”.

Je suis assez con pour me rendre dans un magasin et voler, donc je suis aussi assez con pour demander un rendez-vous galant à Lauryn Hill“. Une référence au fait qu’il n’ait aucune chance avec elle parce qu’il est blanc.

Dans le titre “Cum on Everybody”, il déclare :

” Bought Lauryn Hill’s tape so her kids could starve ( j’ai acheté l’album de Laurin afin que ses enfants meurent de faim)” et à ce moment précis, on entend une voix en background crier “ I can’t Stand white people ( je ne peux pas supporter les blancs)” comme pour se moquer de Lauryn. C’est une pique ironique au fait que la phrase de la rappeuse a souvent été déclinée de plusieurs manières, l’une d’elle étant : ” Je préférerai que mes enfants meurent de faim que de voir des blancs acheter mes albums.”

https://www.youtube.com/watch?v=DpC4_9AN3I4

Lauryn ne réagit pas, mais il ne s’arrête pas là, vu que dans le titre “Bad Influence” pour la bande originale du film “End Of Days“, il se fend encore d’un joli tacle sur le sujet.

https://www.youtube.com/watch?v=VPnTwWNyDUI

“Je suis effrayant comme un journaliste blanc dans une chambre avec Lauryn Hill (Ahh ! )”

Il y avait aussi une envie chez Slim Shady de chercher la “bagarre” avec l’une des rappeuses les plus en vue du game, mais il n’y arrivera pas. L-Boogie l’ignorera de bout en bout, et pour cause, ça n’a jamais été vrai.

Une polémique non prouvée.

Si dans la culture urbaine et même chez les fans américains de Lauryn Hill, cette phrase lui est attribuée, parce qu’elle a énormément fait parler, il n’y a en réalité aucune preuve tangible sur le fait qu’elle ait existé. C’est une sorte de légende urbaine qui a  grossi et qui a fini par devenir une “vérité”, comme le propos de “Tommy Hilfiger”, qui aurait dit “ Si je savais su que les noirs et les asiatiques porteraient mes vetements, je ne les aurais jamais dessiné”. Personne ne l’a entendu ou vu dire cette phrase et malgré les nombreux démentis, elle lui a collé à la peau. C’est la même chose pour Hill, et d’ailleurs les 2 phrases sont assez similaires dans leur énoncé, ce n’est pas forcement anodin.

Toutefois, Lauryn, a en effet, tenu a revenir sur ce propos dans une interview pour MTV, où elle déclare qu’il n’en a jamais été question.

“Vous savez, tout le monde doit être vraiment prudent avec ce  qu’ils ont lu et entendu, parce que vous ne savez jamais ce qui est vrai. Vous savez, il y a quelques années un gamin avait entendu dire que je n’avais dit que ” Je ne veux pas que les blancs achètent mes disques”, et cela m’a vraiment fait beaucoup de peine parce que j’aime penser que ma musique est vraiment universelle;  j’ai été partout et j’ai des fans partout, mais à cause de certaines rumeurs qu’une personnalité de la radio a choisi de relayer pendant son émission, il y a eu beaucoup de gens qui ont cru quelque chose qu’ils n’avaient jamais vu ou dont ils n’avaient jamais entendu parler eux-même, ce n’était qu’une rumeur.”

Elle rajoute quelques mois après dans une autre interview :

“Il y a beaucoup de jeunes filles noires que je rencontre et qui ont peu d’estime d’elles-mêmes. Ainsi, si je communique à elles et que je veux leur dire qu’elles sont belles. Aucun blanc ne devrait trouver ça indécent ou injuste. Cela ne signifie pas que les jeunes filles blanches ne sont pas belles, car, elles le sont tout autant.”

En réalité donc, Eminem, (comme beaucoup de gens qui lui attribuent encore et toujours ce propos), s’est laissé berné par les médias, qui ont aussi pris un malin plaisir à relayer cette phrase, parce que ce n’était pas évident d’avoir une personalité noire aussi populaire, et engagée. C’était un moyen de fragiliser sa stature et son image.

Toutefois, c’était d’être l’un de ses choix les plus malins. En effet, lui-même, se rangeait dès 2002, derrière une grande partie du combat de Lauryn, avec la chanson “White America”, où il critiquait ouvertement le racisme et l’hypocrisie de l’Amérique blanche, allant jusqu’à avouer que s’il avait été noir, il n’aurait pas vendu la moitié de ce qu’il a vendu. Il décrit d’ailleurs bien le schéma de son ascension en mettant en exergue le fait que ce soit les jeunes blancs qui se sont reconnus dans son image, tandis que les parents, très conservateurs, ont tout fait pour lui mettre les bâtons dans les roues, parce que le hip hop était une forme de déroute pour eux.

C’est dommage, car une réunion de ces 2 artistes sur un thème aussi poignant, aurait pu avoir un impact hallucinant, mais, à cause de ce quiproquo, auquel Eminem, encore très fougueux à l’époque, a cru, il y a peu de chances que cela arrive un jour.

Triste Réalité!

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