Justin Timberlake est sans doute aucun l’artiste le  plus surestimé de sa génération. (ah je vois venir, Musicfeelings tape sur Justin, Méchant Musicfeelings, comment il ose..etc..) Et pourtant, c’est vrai, Justin est totalement surestimé, overrated comme diraient nos amis les américains. Ca ne veut pas dire qu’il n’a pas de talent, ça veut juste dire que son talent réel est bien inférieur (d’une certaine manière) à tout qu’on lui attribue comme qualités ou exposition. C’est le chouchou des médias, chouchou des émissions télés. Son retour nous  a été soigné et présenté comme le vrai EVENEMENT musical de l’année. Chaque journal, chaque site web, chaque télévision a au moins récemment titré une fois sur l’opus «  The 20/20 Experience « et on ne va même pas parler des utilisateurs de Myspace qui ont surement du recevoir des avertissements de bannissements du réseau social, au cas où ils n’achèteraient pas l’opus du monsieur. Bref, il n’y a rien à dire, Timberlake, on en fait une espèce de monument vivant  et on lui pardonne absolument tout.

Par exemple, le fait qu’il soit toujours très amer avec les Backstreets boys (groupe qui a largement plus vendu que les N’sync et auxquels il a souvent été comparé)  et n’hésite  pas à le dire sur Twitter.

Imaginez 2 secondes Beyonce ou même Kelly Rowland aller sur Twitter et écrire : « Ah oui , le truc qu’il ne faut jamais demander à Dj, c’est de jouer du TLC ». C’est peu de choses mais le scandale aurait été de taille et jusqu’à ce jour, ça poursuivrait chacune d’elles d’une certaine manière. On le leur rappellerait, on leur poserait des questions à ce sujet.. Mais pas Justin. On n’y touche jamais à J.T.

Pareil pour le superbowl en 2004, Janet Jackson a perdu sa carrière avec cette histoire et avait du s’excuser devant tous les américains pour avoir pourtant mimé ou plutôt interprété  visuellement un son de Justin Timberlake. Quasiment personne au monde ne sait que Justin était sur scène avec Janet et qu’en fait, c’est lui qui a décroché son corset.

Tout le monde sait juste que Janet est une sale pute degueulasse qui est venu montrer ses seins piercés à la planète. Justin ? Non, on y touche pas, c’est Justin.

Essayez d’imaginer le même scandale avec un chanteur de R&B encore en vogue à l’époque, prenons Ginuwine vu qu’il était encore connu  et  au vu de ses affinités avec Timbo. Prenons G et imaginons que ce soit lui qui ait retiré ce corset.

Non seulement, on allait traiter Janet de salope mais Ginuwine se serait excusé avec derrière lui des pétitions de Sarah Paulin pour qu’on retrouve le pays d’Afrique dont ces ancêtres étaient originaires et qu’on l’y renvoie.

Il n’aurait plus  jamais osé faire la moindre allusion publique à une femme. Plus de R&b. Carrière terminée. (Bon, vous me direz, ça n’aurait pas changé grand-chose, pour lui.. mais quand même..)

Tout ça  pour dire que oui, Justin  est le chouchou des médias et implicitement du public. Car une autre chose absolument « bizzare » avec Timberlake, c’est qu’il vend très très bien ses albums ( 3.8, 4.4 le second) mais ce sont juste de bons chiffres , des chiffres corrects mais ça reste encore en dessous des véritables courbettes qu’on se sent finalement presque obliger de lui faire à chaque fois qu’il décide de proposer de la musique.

Au fond, ces chiffres sont justes potables compte tenu de l’exposition dont il est l’objet. Usher a vendu 4 millions avec 8701, puis 10 millions avec Confessions, juste avec cet album, il engloutit la carrière de J.T et pourtant, c’est à Timberlake qu’est attribuée cette continuelle emphase, stupéfaction pour chacun de ses actes.

Comme dit precedemment, on a pu  y assister à ce spectacle avec la sortie de «  The 20/20 experience » peaufiné aux cotés de Timbo lors de l’été dernier et qui semble parti pour convaincre plus d’1 millions d’acheteurs dans le monde en seulement 7 jours.

L’opus est il de qualité ?

La chronique.

A l’heure où la majeure partie des artistes pop /R&B se perdent et concoctent leurs opus en assemblant des demos de différents producteurs. J.T est revenu comme s’il n’était jamais parti, ou presque. On reprend le même et on recommence.

Timbaland, son acolyte sur le précèdent album a été sommé de retrouver une patte plus classique.  Barry White, Stevie Wonder, Micheal Jackson, R.Kelly et surtout Prince, tous les disques des idoles de l’ex N’sync ont été épluchés sereinement posément puis huilé à la sauce «  Tim ». Car en effet, la base, l’âme du travail dans cet album est sans aucun doute Timbaland qu’on croyait en perte de vitesse et  qui réussit là où nous proposer des productions à la fois très typées, très calquées sur des vieux titres R&B/soul/pop, sans paraître pour autant totalement datées.

Vous l’aurez compris, Il n’y a absolument aucune innovation mais c’est du travail bien fait. Justin récemment marié et visiblement très amoureux semblait éprouver le réel besoin de s’épancher sur sa flamme. L’opus  se rapproche plus des 2 derniers albums de R.Kelly dans la démarche (hommage aux légendes du genre) que de l’album novateur attendu mais ce n’est pas grave, on prend quand même.  Timberlake chante ses sentiments tout le long , c’est souvent un peu niais mais on ne s’ennuie pas. «  The 20/20 Experience » dispose d’une réelle ambiance.

Aux premiers abords, on ne peut pas comprendre pourquoi les titres sont aussi longs ? C’est-à-dire que dans le concept de «  FutureSex/LoveSounds », c’était clair et très bien amené. La première partie des chansons parlait d’amour et la seconde portait sur le sexe ( ou l’inverse  mais ça avait un  sens) . Il y avait une thématique dans la durée des  titres et c’était ça qui leur donnait le petit intérêt en plus.

Ici, il n’y a aucune. Le seul et unique but du kilométrage des chansons est de rassurer l’ego des 2 principaux acteurs. Timbo peut faire durer ses manettes plus longtemps et J.T peut entendre son falsetto à l’infini mais on adhère.

La magie fonctionne et ne s’avère pas gênante  par exemple sur  une bombe comme  «  Pusha Love Gurl ». La chanson commence comme une reprise de Prince et se finit en sorte de modernisation de Frankie & Maze beverly.   Que demande le peuple ?  Pareil pour « Strawberry Bubble Gum « , on a beau avoir pigé dès la première seconde qu’il essaie de reprendre à sa sauce tous les tics vocaux de Stevie Wonder, c’est pas grave. On en a pour notre argent. «  SpaceShitcoup » qui sonne comme un extrait du «  Love Letter »  de R.Kelly va vous donner envie d’aller faire du roller en amoureux dans les rues de Paris. Il vous vend du rêve.

C’est un peu le trio de tête de l’opus qui continue cependant d’être séduisant le subtil «  That Girl », ou encore «  Don’t Hold The Wall » qui est cette fois un hommage à toutes les mimiques de Michael Jackson dans l’opus «  Off The Wall ». C’est frais et pêchu même si  ça manque résolument d’ambition.

Son  petit frère «  Let The Groove In » bien que doté d’une production pop fait sans doute partie des titres les moins réussis de l’opus. Timbo fait tourner une vielle boucle productive sur un sample qui  n’est pas loin de ressembler à du Khaled. C’est le gros raté mais c’est aussi le seul lot de consolation pour les fans de Pop qui n’auraient pas été séduit par la recette des vielles marmites.

«  Tunnel Vision » et  «  Mirrors » sont en effet les 2 titres qui ramènent clairement au son qui a fait le succès du précèdent album de Justin. Tous deux, auraient été casés en bonus track dans  « Future/SexLovesounds » qu’on y aurait vu du feu. Ils sont  datés mais restent dans le même temps redoutables d’efficacité avec une mention spéciale pour la seconde partie de «  Mirrors » qui est aussi le seul vrai moment d’intérêt vocal de cet album de Justin.

Car la véritable faiblesse de «  The 20/20 Experience « est sans doute aucun la performance vocale du chanteur. Globalement, il  est impossible de chanter d’une manière plus lisse que lui. Ca a  toujours été son véritable talon d’Achille, depuis ses débuts, il est pauvre vocalement. C’est pour ça que l’opus donnera cette impression  de longueur pour les non-initiés au son soul/rnb ou pour les puristes. Certains vous diront qu’ils ne se rendent pas compte quand on passe d’une chanson à une autre et pour cause : Il fait un travail vocal, extrêmement simple, limite basique.  Le même falsetto, les mêmes 2-3 mimiques sont exploitées tout le long. Le premier chanteur  de Youtube  avec un joli falsetto enregistrerait  ceci qu’on y verrait que du feu .

Usher par exemple (a beau avoir moins de couilles que lui artistiquement), il aurait transporté chacune des chansons présentes à un tout autre niveau vocalement. Mario pareil, Bruno Mars aussi et même Robin Thicke qui est bien moins tendu,  bien plus habile de sa voix aurait su donner plus de rythmes à ces chansons.

Justin lui reste poli, c’est un peu le bon élève qui sait qu’il est le chouchou des profs, alors il fait son truc bien carré, bien lisse et ça lui permet de toucher un très large public, sans pour autant dégouter la base.

« The 20/20 Experience « est  un bel album, loin d’être un classique mais c’est un joli album qui surtout sort au très bon moment. Surement le meilleur de Justin, de par sa cohérence et on en peut rester insensible à sa sublime sortie «  Blue Ocean Floor » qui nous projette dans un univers parallèle, totale emphase dont on pensait que seul Frank Ocean avait le secret. Justin quitte la scène 6ans et revient finalement avec un opus très peu ambitieux mais fidèle à l’image que le grand public se fait de lui.

16/20.

 

Le succès de l’opus est donc mérité ?

Reaction d’Usher.

Là,  on peut décomposer la question en 2 fois.

  1. Est-ce que le fait que Justin vende un bon opus qu’il a sorti est mérité ? Bah oui, il a fait un bon album, qu’il le vende, c’est cool.
  2. Est-ce que le fait que Justin  «  The 20/20 Experience »  vende  900.000 copies de son album aux U.S.A et s’impose comme une espèce de daron de la scène R&B loin devant les autres est mérité ?

Là, c’est totalement discutable.

Comme dit au niveau de la chronique. L’opus sort au parfait moment. Le public s’est lassé de l’electro,les vieux veulent acheter des disques après Adèle et il n’y a plus vraiment d’artistes qui relient les 2. Justin débarque donc  avec une énorme promo et permet de relier les publics car c’est du R&B/soul très light, très ouvert.

De plus, il a été  absent. Beaucoup essaient d’expliquer son score par ses mini présence médiatiques aux featuring( qui n’ont jamais vraiment cartonnés) mais son score vient surtout  de son absence. Le public n’oublie pas. Si tu fais une longue absence avec un  très  bon dernier album qui plus est  qui a cartonné dans les charts. Ils seront là pour ta première semaine. En  général, c’est le cas. Il n’y a qu’à voir les énormes premières semaines de Sade (plus de 500.000 avec son dernier album) ou de Maxwell (qui avait franchi les 300.000 en un rien, énorme pour un artiste de son genre).

Le fait que Justin ait été absent musicalement aussi longtemps, en ayant laissé un opus très bien reçu autant dans les critiques que dans les charts explique aussi cette portée du public américain. C’était finalement assez logique qu’il vende autant.

Est-ce que c’est qualitativement mérité quand on compare aux autres ?

Non. Dans le sens où il n’innove absolument en rien. En écoutant les 2 derniers albums de R.Kelly (notamment Love Letter), c’est exactement la même ambiance, les mêmes influences et les albums  sont sortis en 2010, 2012, tous 2 acclamés par la presse. Eric Benet aussi nous a déjà fait le même deux fois de suite et finalement, Prince (influence majeur de cet album) a une discographie bien trop conséquente pour qu’on puisse penser que J.T nous a appris quoique ce soit.

Le fait que J.T bénéficie d’un petit truc ( qui est d’ailleurs sa petite chose depuis le premier album) , c’est qu’on ne félicite finalement de plus en plus rarement les artistes noirs de faire de la musique noire. Ce n’est pas du vrai racisme,  mais c’est un peu devenu normal dans la mémoire collective dans la dernière décennie.  On ne leur donne juste plus l’exposition pour en vendre.

Si tu es noir et que tu fais de la soul/rnbisé notamment dans les 5/6 dernières années,  on s’en fout. Tu peux chanter comme tu veux, le label  va juste t’envoyer sur BET et ce sera tout. Vous avez vu un seul artiste noir chanter du R&B aux grammys depuis quelques années non, même Miguel n’a pas eu l’occasion de chanter toute sa chanson  récemment? Mais Justin a eu l’occasion de chanter 2 titres  pour son retour.

Prenons le cas d’Usher qui s’est retrouvé coincé à l’époque de « Raymond vs Raymond » avant de devoir prendre la direction electro. Dans cet album, vous prenez des titres comme «  Mars Vs Venus », «  Monstar », vous y ajoutez «  Sins Of My Father «  et même le titre  éponyme «  Looking For Myself », le garçon avait les moyens de te pondre un bon album avec des influences très old school tout en restant lui mais et même si c’est vrai qu’on lui en veut à tous de n’avoir pas assez essayé, il  n’aurait jamais fonctionné.

En parallèle de ses sons electro, il a proposé du R&B de bonne qualité comme «  There Goes My Baby » en single mais aucune radio pop n’a jamais voulu le jouer. Jamais.

Pareil, Beyonce Knowles a passé toute l’ère «  4 » contenue dans les radios R&B. Hormis «  Best Thing I Never Had », aucun crossover. Et pourtant, Bee avait des chansons de qualité. «  Party », «   Dance For Me » ou même «  Love On Top » ( minus les aboiements à la fin).

Prenez 20 secondes et imaginez Justin sur scène entrain de chanter «  Love On Top » , puis à la fin du titre, Jessica Biel sort de nulle part avec son gros ventre et il le touche pour annoncer qu’elle est enceinte ?………….C’est bon, vous avez visualisé le truc.

LE CARTON !!!!. Les radios pop l’auraient matraqué comme jamais mais pas Beyonce. Malgré le  fait qu’elle soit aussi une chouchou de la presse et autres, on est pas du tout impressionné de l’entendre chanter une chanson du genre. Elle est noire, c’est son truc quoi !

Il n’y a rien dans cet album qui touche à la splendeur de «  Adorn » mais Miguel n’a jamais eu autant de succès avec sa chanson malgré les Grammys.

Ceci pour expliquer une chose, Justin a pu proposer un tel album et avec un tel succès parce qu’il en avait les moyens. Aucune autre personne n’aurait pu le faire avec le même degré de réussite.

Si Usher avait sorti «  Suit and Tie » en premier single avec »  The 20/20 Experience ». Il aurait tellement floppé qu’il serait à cette heure sans label.

Attention, l’opus «  The 20/20 Experience »  est de loin meilleur que les derniers opus d’Usher et de Beyonce.  (D’ailleurs que tous les opus de cette dernière)

La nuance que je veux émettre est la suivante. Dans les opus d’Usher et de Beyonce, on avait des chansons de qualité, qui n’avaient rien à envier aux singles de Justin et pourtant ces chansons-là n’ont pas été plébiscitées parce que c’était juste des noirs qui faisaient du R&B. D’une certaine manière, on attend ça d’eux.

Justin surfe sur une espèce de Hype,soul,rnbisé,bobo qui est plus accessible, faussement sophistiquée et en cela, le succès de l’opus est discutable.

C’est un bon album donc c’est bien qu’il le vende mais ce n’est pas l’opus qui le place en pionnier  (qualitativement) de la scène R&B ou autres.

La bonne nouvelle est cependant qu’il va surement pousser les Majors qui ont lâché la musique urbaine à donner un peu plus d’argent aux autres chanteurs de R&B. Ca ne veut pas dire que ces chanteurs vont le copier lui. Il n’y a rien dans «  The 20/20 Experience » qu’on puisse qualifier de  VERITABLEMENT  propre à Justin ( Mirrors ?Tunnel Vision ?c’est du TIMBO) mais ça veut dire les Maisons de disques ne vont plus imposer d’avoir des sons electros en premier single aux artistes R&B. Ce qui est une avancée logique au vu de la chute de l’euro/dance.